Pourquoi aime-t-on autant se faire masser ?

Bonjour à tous,

Comme nous allons le voir au cours de ce contenu, le massage est une pratique pluri-millénaire, qui, outre ses bienfaits pour la santé, a de tout temps accompagné l’humanité et soutenu sa propension à se rassembler en communauté et à se sociabiliser… Au cours de cet article, que nous allons tenter de rendre aussi exhaustif que possible, nous reviendrons dans un premier temps sur les origines de la pratique même du massage, en faisant un retour en arrière très poussé, au-delà même de l’Antiquité. Pour réaliser cela, nous suivrons du doigt son évolution jusqu’à aujourd’hui et cette société post-moderne dans laquelle nous évoluons et nous débattons avec opiniâtreté. Après avoir parcouru la très longue histoire du massage, alors nous serons en mesure de mieux comprendre les fondements de ce qui le rend tellement indissociable de l’Humanité, les raisons qui ont fait que cette pratique si singulière s’est imposée comme universelle, quelle que soit la culture dont on est issu, et quel que soit le berceau dans lequel nous avons été langés et nourris.

Si vous souhaitez tout savoir sur le massage et sur le pourquoi de son succès dans toutes les communautés du monde, alors installez-vous confortablement, servez-vous un petit thé ou un sirop, et chaussez vos petites lunettes de lecture…

Un peu à la manière de certains grands singes, qui passent beaucoup de temps à s’épouiller, non pas seulement pour s’affranchir de ces petites bêtes gênantes et des démangeaisons qu’elles procurent, mais aussi afin de tisser et d’entretenir des liens étroits entre les individus, on peut considérer, à l’origine, que le massage tient sensiblement le même rôle, mais chez l’Homme.

Le contact direct, le contact tactile est une manière de se lier entre les membres d’un même groupe, voilà pourquoi on peut considérer que l’histoire du massage, c’est quelque part aussi l’histoire de la construction sociale, cela est au moins valable pour le noyau primordial de toute société : la tribu.

Comme nous l’avons vu dans notre petit chapeau d’introduction, nous allons à présent plonger dans les arcanes de cette pratique si particulière, qui nous vient du fond des âges. Nous espérons que ce voyage par les mots vous en apprendra sur le massage et que vous redécouvrirez pourquoi cet art primordial tient une place importante, tant dans le rapport à l’Autre, que dans le rapport à Soi…

I – Des origines…jusqu’à nos jours.

D’un point de vue étymologique, le mot massage tire ses origines de 3 sources bien différentes : grecque, avec « massein », hébraïque, avec « mashesh » et arabe, avec « masah » ou « mass ». Selon les recherches les plus récentes, la plus proche serait cette dernière occurrence, d’origine arabe donc, et signifiant « palper, presser légèrement » ; elle serait apparue dans le vocabulaire français au IXème siècle, mais sa pratique, bien sûr, est infiniment plus ancienne.

Impossible à dater véritablement, ce que l’on sait de source sûre, c’est que le massage, au sens technique du terme (et non plus dans son acceptation purement « sociale », telle que nous l’évoquions en parallèle à l’épouillage des grands singes…) a été « codifié » il y a plusieurs milliers d’années. Les premières traces écrites datent de 3 millénaires avant notre ère, mais certaines techniques comme le massage ayurvédique ont été décrites il y a plus de 6000 ans (en sanscrit, le terme « Ayurveda » signifie « science de la vie ou de la longévité » et désigne ce qui s’apparente à la médecine traditionnelle) ! On peut aussi parler de la relaxation plantaire ou du massage Tuina, créés il y a plus de 5000 ans en Chine, ou encore du fameux massage Shiatsu japonais, dont la création remonte à plus de 4000 ans en arrière, puis du massage thaïlandais, qui remonte à plus de 2500 ans.…

Aux alentours de 500 avant J-C, de nombreuses références peuvent être relevées dans divers textes médicaux en provenance de Perse, du Japon, et même d’Égypte. Au cours de cette même période, dans les modèles orientaux, le massage tend à apporter un véritable équilibre des énergies dans le corps physique ; en Chine, on travaille notamment sur les points d’énergies d’acupuncture ainsi que sur les méridiens.

Pour notre part, en occident, ce seraient les Grecs qui auraient introduit, ou plutôt démocratisé la pratique du massage, voilà plus de 3000 ans ; des écrits d’Hippocrate (450 avant J-C) évoquent les premiers gymnases, sous l’impulsion d’un personnage (fictif ou avéré) nommé Asclésios, qui combinaient l’exercice physique et les massages.

Puis la pratique se serait quelque peu perdue, notamment à l’époque du Moyen-Âge, durant laquelle le Toucher était quasiment un Interdit, et il fallut attendre la Renaissance pour que les médecins instaurent de nouveau la pratique, accompagné d’exercices. On peut aussi évoquer Ambroise Paré (1518-1590), qui fit la promotion et écrivit beaucoup sur les bienfaits du massage.

C’est ensuite dans le Nord de l’Europe, et plus précisément en Suède, au XIXème siècle qu’un certain Pehr Henrik Ling créa en 1812 le massage suédois, que l’on pratique encore de nos jours ; cela contribua fortement à redonner au massage de véritables lettres de noblesse.

A la même époque, la France n’est pas en reste, avec ses missionnaires de retour de Chine, rapportant dans leurs bagages de nombreux écrits médicaux ancestraux.

Fait notable, au début du XXème siècle, l’inventeur de la psychanalyse Sigmund Freud utilisait régulièrement le massage des mains, afin de calmer et de détendre certains patients, au cours de ses séances ; au fil des séances, il s’affranchissait de ce petit « levier » pour exercer son activité psychanalytique pure.

Au XXème siècle, et notamment à partir des années 60 c’est notamment le mouvement des Hippies qui insufflèrent un nouvel élan au massage, en prônant le Toucher et le contact réel. Depuis lors, d’innombrables techniques plus ou moins pointues ont fait leur apparition, et il existe désormais toutes sortes de types de massage.

Voici les principaux d’entre ces derniers, dont vous avez sans doute déjà entendu parler, et que vous expérimenterez peut-être un jour, si ce n’a pas encore été le cas :

– le massage californien

Né en 1962, chez l’institut Esalen de Big Sur, situé dans l’état de Californie, aux USA. Il se caractérise par des mouvements fluides et allongés, qui permettent d’ouvrir une très large gamme de techniques de contact profond ; il se réalise avec de l’huile.

– le massage Watsu

Ce massage se pratique dans l’eau et il apparaît en 1980, sous l’impulsion de Harold Dull ; il associe des étirements et de la digitopuncture.

– le massage prénatal

Aussi appelé massage latéral, il est né en 1983, et nous le devons à Margaret Elke, une Américaine de San Francisco.

– la réflexologie plantaire

Comme nous l’avons vu plus tôt dans ce contenu, la réflexologie plantaire nous vient de Chine et elle date d’au moins 5 millénaires. Toutefois, sa redécouverte et sa vraie démocratisation, à l’ère moderne, est arrivée au début des années 80, par la grâce d’un médecin américain William Fitzgerald, et de sa compagne, Eunice Ingham Stopfel.

– le massage amma ergonomique

Dans les mêmes années, David Palmer, très astucieusement, décline le massage amma en massage amma ergonomique, c’est-à-dire assis. La réussite est totale et immédiate, car le nombre d’informaticiens de la Silicon Valley explose, et leur permettre de travailler plus détendus est une réelle plus-value.

– le drainage lymphatique

Inventé en 1936 par la physiothérapeute danoise Emilie Vodder, il n’arrive en France qu’en 1988. Le drainage lymphatique manuel est une technique de massage doux qui consiste à stimuler la circulation de la lymphe tout en détoxifiant l’organisme, et en renforçant le système immunitaire. Il se fait à l’aide des doigts et de la paume des mains, sur l’ensemble du corps, en suivant le sens de la circulation lymphatique et faisant varier la pression.

– le massage aux pierres chaudes

C’est vers le début des années 90 que nous arrive cette technique, issue de la culture indienne nord américaine ; c’est une certaine Mary Nelson qui a fait « renaître » la technique.

Vous l’aurez compris, le massage, de nos jours, est devenu « tout terrain », il se décline à l’infini ou presque et s’adresse à absolument tous les publics. La communauté scientifique est unanime s’agissant des bienfaits que nous apportent la pratique et on peut raisonnablement penser que cela ne va faire que prendre de l’ampleur au fil du temps.

Pour illustrer ces propos, sachez qu’en 1992, est sorti de terre le premier Institut de Recherche sur le Toucher, à Miami, en Floride. Cet institut étudie l’importance du toucher dans la société, et même à l’échelle civilisationnelle, avec la prise en charge des enfants prématurés et leur suivi.

Devant les résultats très encourageants rencontrés par l’institut de Miami, dès 1998, deux autres centres de ce type ont vu le jour : un premier aux Philippines et un second en France.

Voilà pour ce qui est du socle historique et de la chronologie du massage, et nous allons à présent aborder un autre aspect de la pratique, à savoir : ses bienfaits.

II – Les bienfaits du massage sont multiples

Utilisé depuis des millénaires afin de restaurer la santé et de prévenir la maladie, le massage se veut relaxant ou thérapeutique. Il s’adapte à chaque cas, à chaque situation, à chaque personne, quel que soit son âge et quelle que soit sa condition de santé.

On considère que le massage, dans un cadre thérapeutique surtout, se prodigue en complémentarité avec un suivi médical annexe, néanmoins, nous tenons à lister 5 bienfaits indiscutables des massages :

– le massage soulage des douleurs comme le mal de dos, certaines maladies chroniques et certaines atteintes articulaires plus ou moins aiguës. Dans ce cadre-là, les massages aident à relâcher les tensions musculaires et articulaires et permet aussi d’avoir un effet sur le système nerveux, en « court-circuitant » une partie des messages de douleur (les massages sont préconisés dans des cas de déchirure, de claquage, d’arthrite, d’arthrose, d’entorse, de fibromyalgie…).

– le massage permet de réduire très sensiblement l’anxiété, le stress, et même la fatigue musculaire. Avec les vies effrénées que nous vivons, nos emplois du temps surchargés entre le travail, les obligations personnelles et familiales, nos organismes et notre psyché sont mis à rude épreuve … Se faire masser agit directement sur le système nerveux et permet de réduire le stress, l’anxiété, tout en jouant aussi très favorablement sur l’humeur générale. En outre, c’est aussi un moment de retour sur soi qui est très bénéfique, voire même salvateur pour certains, qui n’ont pas de temps pour eux.

– le massage améliore l’efficacité du système immunitaire, et c’est peut-être l’un de ses effets les plus inattendus, mais c’est prouvé par les études. Il a été prouvé que le stress et la fatigue réduisent nettement l’efficacité du système immunitaire. Parvenir à instaurer la paix en votre for intérieur et améliorer la qualité du sommeil, voilà ce que le massage peut apporter en agissant indirectement sur l’organisme, et en le dotant des armes lui permettant de lutter plus efficacement contre les attaques microbiennes.

– le massage aide à trouver le sommeil plus vite et à ce qu’il soit de meilleure qualité. Vous ne le savez peut-être pas, mais le stress, l’anxiété, la fatigue mentale, sont, au même titre que tout inconfort physique, une cause de perturbation des cycles du sommeil. De nombreuses études se sont penchées sur l’impact d’une massothérapie sur les sujets qui souffraient justement de problèmes de sommeil, et les résultats sont plus que probants. Le levier est relativement facile à comprendre : c’est en encourageant la relaxation du corps et de l’esprit, tout en amenant une diminution de l’anxiété, du stress, et/ou de la douleur, que le massage permet à l’individu de s’endormir plus rapidement et de bénéficier d’une qualité de sommeil bien supérieure.

– enfin et pour finir, le massage permet aussi, dans certains cas, de favoriser la concentration, ce qui est une voie pleine de promesse, notamment lorsque l’on s’adresse à un public d’enfants autistes, ou bien présentant un trouble du déficit de l’attention, avec ou sans hyperactivité, par exemple… Le fait est qu’un massage quotidien adapté peut sensiblement améliorer le degré et la durée de concentration d’un sujet donné, ce qui pourra permettre à l’enfant de réaliser la ou les tâches qui lui sont proposées par son enseignant.

III – Le massage, en France : ce qu’il faut savoir…

Maintenant que nous avons revisité l’histoire du massage, que nous avons survolé les principaux bienfaits dont cette pratique peut raisonnablement se targuer, il convient de clore cet article avec quelques informations très importantes à savoir.

Tout d’abord, nous insistons sur le fait qu’afin qu’un massage apporte véritablement des bienfaits à une personne donnée, encore faut-il qu’il soit réalisé dans les règles de l’art, par des mains qualifiées ou expertes. Ce n’est pas tout de pétrir le dos ou les membres de quelque, encore faut-il être capable de le faire correctement, sans quoi, non seulement cela n’a strictement aucun apport positif, mais en plus, cela pourrait bien causer des problèmes ou créer des blessures ! Donc pas de précipitation… Dans le doute, on s’abstient !

En France, tout du moins sur le papier, ou dans la théorie, la législation est stricte. « Seuls les masseurs-kinésithérapeutes ont le droit de réaliser des massages », et personnes d’autre… Attention, car dans l’absolu, une infraction à la loi est passible de poursuites judiciaires…

Ainsi, si l’on se fie aux textes de loi, tous les autres praticiens (que l’on parle des esthéticiennes, des hydrothérapeutes, des employés de spa, etc) ne peuvent dispenser de thérapies dites « manuelles », que sous l’appellation de « modelages », et non pas de « massage ».

Si, bien entendu, une parfaite connaissance de certaines techniques, d’une gestuelle précise et de l’anatomie du sujet sont absolument indispensables pour que le massage permettent d’obtenir des résultats, il ne faut pas forcément penser que c’est le diplôme qui fait l’aptitude du praticien… Ne nous faites pas dire ce que nous n’avons pas dit, la réciproque est également valable, mais nous tenions néanmoins à le souligner.

Il faut savoir que les compétences sont très hétérogènes au sein de la population de masseurs professionnels, et il en est de même des praticiens qui officient dans un centre de massage ou un institut de thalassothérapie. Certains professionnels ont suivi un apprentissage de quelques jours, ce qui, ne nous racontons pas d’histoires, est très nettement insuffisant pour acquérir un savoir théorique, et un savoir-faire d’une grande finesse ou d’une grande profondeur. Pour d’autres professionnels, le chemin de l’apprentissage a été beaucoup plus long, et infiniment plus poussé : ils ont effectivement suivi une véritable formation sur le long cours et ils pratiquent désormais en toute connaissance de cause et en parfaite maîtrise de leur art.

A titre de renseignement, sachez qu’au sein des écoles agréées par la Fédération Française de Massage Bien-Être (que l’on retrouve souvent sous le sigle FFMBE), un minimum de deux cents heures de cours est requis pour prétendre au titre de masseur professionnel. Par ailleurs, dans certains autres centres qui forment notamment au massage ayurvédique, plus de cinq cents heures d’enseignement sont dispensées aux apprentis.

Dans d’autres spécialités, le parcours initiatique peut être encore plus long… Cela peut prendre de deux à cinq années de formation, par exemple, pour prétendre devenir un pro du shiatsu.

Si cela vous tente ou vous intéresse tout simplement, le mieux sera de ne pas hésiter à vous renseigner avant de vous décider, et surtout, il convient de ne jamais perdre de vue qu’un massage mal exécuté peut faire davantage de mal que de bien…

En conclusion :

Nous voilà arrivés au terme de ce contenu, qui, nous l’espérons, vous aura éclairé sur l’univers parfois méconnu du massage.

Comme vous l’avez lu, les raisons pour lesquelles cette pratique est tellement appréciée par les hommes, sont multiples :

– Pour commencer, il y a bien sûr l’aspect sociétal, dont nous avons parlé en début de texte, et qui repose sur l’idée que le toucher, le contact tactile direct, a forcément joué en faveur de la pratique du massage, aux origines tribales de nos sociétés.

– Ensuite, comme nous l’avons également souligné, il y a bien entendu les nombreux bienfaits observés et reconnus du massage, ou plutôt des massages, car nous avons vu qu’il existait de très nombreuses approches différentes du massage, de par le monde.

Il serait fastidieux et redondant de rappeler l’ensemble de ces bienfaits dans cette conclusion, si bien que nous ne le ferons pas, toutefois nous vous invitons à revenir à la partie correspondante au besoin. Il va de soi que nous n’avons pas pu citer toutes les techniques existantes, il faudrait pour cela quelques dizaines de pages, au bas mot, mais nous pensons avoir évoqué les principaux courants et l’essentiel de ce qu’il faut savoir sur le massage, afin de comprendre pourquoi, tous autant que nous sommes, nous aimons tant nous faire masser…